Pierre est un patient, âgé de 45 ans, que je connais depuis longtemps, à ce jour les consultations sont bien espacées. Il a retrouvé confiance en lui, il a réussi à travailler certaines perturbations qui venaient troubler la régulation naturelle de son corps.
Lorsque j’ai reçu Pierre en consultation pour la première fois, j’étais la énième diététicienne qu’il rencontrait pour essayer de trouver enfin la solution pour perdre du poids. Toute sa vie, ou plutôt depuis la fin de l’adolescence, Pierre a expérimenté de nombreux régimes alimentaires entrainant pertes et reprises de poids à répétition !
Je l’ai informé sur les besoins du corps, la régulation naturelle du corps (J’ai faim « je mange », « je n’ai plus de plaisir « je m’arrête ) et les perturbations que l’on peut connaitre au fil de la vie, pouvant alors troubler la régulation naturelle et ainsi être responsable d’une variation de poids (exemple: les perturbations émotionnelles , traumatiques ou encore la carence en sommeil mais aussi les perturbations éducatives…).
Au fil des mois, nous avons travaillé sur les envies de manger émotionnelles : l’accueil des émotions et la réponse à celles-ci. Pierre a aussi travaillé avec un thérapeute, pour lever des traumatismes trop présents afin de soulager son corps et son esprit et ainsi favoriser la régulation de son poids.
Ensemble, nous avons travaillé sur la reconnexion à soi par la recherche des sensations alimentaires : la faim, le rassasiement… cela se faisant plus facilement en levant quelques éléments perturbateurs, notamment les perturbateurs traumatiques mais aussi éducatives (« Tu ne manges pas assez, mange davantage » ou encore » Il ne faut pas laisser dans l’assiette ») etc…
Pierre avait conscience qu’il ne bougeait pas assez et que la carence en mouvement est aussi une perturbation de la régulation du corps. Mais comment faire, quand on est chef d’entreprise, comme Pierre, et père de famille avec peu de temps pour soi? Pierre a compris qu’il est inutile de se fixer des intentions non faisables qui alimenteraient son sentiment d’échec, mais plutôt de réfléchir à comment bouger davantage en fonction de ses possibilités et surtout, que ses intentions soient faisables. L’important étant la progression !
Et enfin, Pierre a travaillé, aussi longuement, sur ses pensées qui lui disaient trop souvent « Mange ceci ou Mange cela »… une réponse automatique à la demande (l’impulsivité).
Evidemment à tout cela, nous avons réfléchi au « prendre soin de soi à travers la nourriture » : quels sont les meilleurs choix alimentaires pour lui? qu’est ce qui lui semble bon pour son corps et son esprit? Aujourd’hui, Pierre prend plaisir à manger davantage des produits de saison et, l’organisation de la gestion des repas est différente.
Aujourd’hui, Pierre n’a plus besoin de moi (ou moins). Son poids ? Pierre a compris que l’on ne choisit pas son poids mais, on peut agir sur ce qui vient perturber la régulation du poids et ainsi, être davantage en paix avec son corps !
Actualités
« Dix questions sur la grossophobie »
Les normes imposées aux femmes
Après les normes de la minceur, les normes des formes généreuses mais pas trop ou, là où il faut ! C’est tout simplement imposées de nouvelles normes inatteignables !
Que l’on valorise la minceur ou les formes généreuses, dans les deux cas, cela constitue une forme de maltraitance vis à vis du corps qui entraine des conséquences néfastes : détester son corps ou chercher à le contrôler. Les études récentes révèlent qu’une jeune fille sur deux a une relation difficile avec son apparence physique. C’est notre rôle, professionnel de santé mais aussi parents d’apprendre aux enfants, dès petit, à ne pas juger le corps des autres, en étant des exemples pour eux dans cet état d’esprit.
Le mythe de la volonté
Très souvent lorsque j’accompagne mes patients dans le changement, cette phrase revient souvent « je manque de volonté » ou « je n’ai aucune volonté « …
Lorsque l’on veut changer quelque chose dans son comportement, nous nous y prenons mal : la croyance que tout repose sur la volonté est fausse et très culpabilisante.
Je vous laisse découvrir cette courte vidéo qui lève le mythe de la volonté
https://www.youtube.com/watch?v=EfSLF7TJgssrveau – Dialogue avec Kevin Finel
La satiété et le rassasiement : quelle différence?
La satiété correspond à la disparition totale de la sensation de faim. Autrement dit, la disparition des signaux de faim. La satiété est alors atteinte parfois au bout de quelques bouchées seulement !
Le rassasiement correspond, au cours du repas, à la diminution du plaisir de consommer un plat ou un aliment. Il peut alors de définir par la disparition de l’envie de manger.
Le rassasiement est donc le signal qui annonce la fin de la prise alimentaire. Il peut être reconnu rapidement ou plus tardivement.
Il faut toujours quitter un repas lorsque le rassasiement est reconnu donc, lorsque que l’envie de manger disparait. Nous pouvons ne plus avoir faim (la satiété) mais en ayant toujours l’envie de manger et donc, dans ce cas, il faut continuer la prise alimentaire.
Pour reconnaitre le rassasiement, il est important de manger en restant attentif à ses repas, déguster sans faire autre chose : limitant alors les distractions. La télévision, les téléphones ont une place importante dans nos vies mais, il ne faut pas oublier que le repas doit se faire dans le calme, dans un cadre agréable. Grâce à cela, la reconnaissance du rassasiement sera plus simple !
« Gros » n’est pas un gros mot, de Daria Marx & Eva Perez-Bello
Avoir un corps de Brigitte Giraud
» ça commence avec une parole de ma mère, désignant le sandwich que je viens de me confectionner avec une épaisse couche de beurre, elle espère que je ne vais pas « manger tout ça ». Comme je la toise du haut de mes 13 ans, elle ajoute que je vais prendre des formes (…). Je comprends aussitôt mais, je mange à ma faim : pain, beurre, saucisson comme tous les jours à l’heure du goûter. Je comprends et puis je doute, et, pour la première fois, je regarde mon corps comme un objet sur lequel je peux agir. Cette phrase de ma mère, sa mise en garde brutale me signifie que je peux décider, je peux maitriser cette matière là. C’est le jour où mon corps existe, il m’appartient. C’est le commencement du tourment puisque désormais je vais y penser (…). Cette idée est un poison, le début de l’inquiétude ».

Mettre son corps en mouvement…
Sofiane Chalal est danseur, chorégraphe, comédien et souffre d’obésité. Jamais, il n’aurait pensé que son corps « hors norme » lui permette de créer, de danser. Il lève les idées reçues telles que « les gros sont des fainéants » ou encore « les gros ne peuvent pas bouger ou pratiquer une activité physique »…
Aujourd’hui ce corps atypique qu’il a souvent mal aimé, ce corps qui a subi des moqueries, est devenue sa force.
Je vous invite à l’écouter et à le regarder https://www.youtube.com/watch?v=Q9ctRA74gvY
Stéphanie Pihéry : « Les régimes à répétition, la voie toute tracée vers l’obésité »
J’ai affiché en salle d’attente le témoignage de Stéphanie Pihéry. Vous trouverez l’intégralité de son témoignage ainsi que son documentaire sonore « Mon corps opératoire » en cliquant sur le lien ci dessous.
Qu’est ce que le poids d’équilibre?
Très souvent en consultation, j’aborde le poids d’équilibre, en précisant aux patients que nous ne choisissons pas notre poids. Nous avons tous un poids d’équilibre. Mais qu’est ce que c’est ?
- Ce poids est variable d’une personne à une autre et c’est pourquoi il existe, entre les individus, une diversité de corpulence comme il existe une diversité pour la couleur des cheveux, pour la taille etc.
- Ce poids dépend de notre génétique : selon les études, il dépend de 70% de notre génétique.
- Ce poids peut varier naturellement de plus ou moins 1 à 2 kgs au cours de la vie mais, il peut aussi varier plus franchement par une multiplication des cellules adipeuses (notamment par la multiplication des régimes entrainant des rebonds du poids, les effets « yoyo » !).
- Ce poids, c’est celui que nous avons sans contrôle alimentaire et sans efforts sportifs à outrance !
- Ce poids d’équilibre ne correspond pas toujours aux normes imposées par un IMC inférieur à 25 et, ce poids peut ne pas nous plaire !
Il n’y a pas de médicaments pour maigrir !
Dr Baptiste Beaulieu le précise à nouveau… à écouter avec attention !
Il n’y a pas de médicaments miracles pour maigrir (radiofrance.fr)https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/alors-voila/alors-voila-de-baptiste-beaulieu-du-lundi-27-mars-2023-5246332